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DÉFINIR NOS CHEMINS

L’enseignement sert à qui ? À donner à tous les talents, les moyens de se manifester ? Ou bien à formater des récipients, pour les caser dans un agenda productif fantasmé ? L’éducation aveugle est une entreprise à désapprendre, et fait perdre à la jeunesse ce qu’elle possède, pour lui instiller l’idée du manque … à gagner. Montaigne préférait « une tête bien faite à une tête bien pleine » mais d’autres auront visiblement mal interprété le souhait de Rabelais que « de nos têtes, il y voulait un abîme de science », quand, dans leur pratique, ils cherchent à nous plonger dans le gouffre de la quantité. Par crainte de ne pas acquérir, on se fait gaver par une myriade de non-sens, puisque appréhendée sans s’y aventurer. Qu’est-ce que le savoir quand il est sans attaches avec le libre arbitre de nos actes? C’est celui donnant substance à ce qui stagne à n’être qu’une notion étrangère à notre édification.
Impasse.

Nous ne demandons que les outils aptes à définir nos chemins. Il est fondamental et autrement plus facile d’enseigner par exploration, en proposant un pilotage vers les phénomènes de la vie, appréhendés non pas seulement comme une découverte mais une expérience à partager. L’éducation consiste dans ce parcours à la rencontre entre l’inné et l’acquis. Être et aimer. Aimer pour juxtaposer ce qui nous fait rêver et ce qui nous fait reconnaître tel événement, tel objet, comme un espace d’expérience très spécifique, étrange mais identifiable, le sujet exploré faisant écho à une intelligence, la nôtre, issue d’un savoir inné. Connaître c’est également une retrouvaille avec cette part en nous chargée d’un sens d’évidence. À tout moment un des élèves tout comme l’éducateur peuvent faire une telle expérience et la partager. Ne reconnaissons-nous pas en chaque chose une part de l’entendement qui nous a constitués ? Apprendre n’est-ce pas avant tout une révélation ? Vous le savez – on apprend d’autant mieux que votre enseignant procède du sourire – de la complicité et de la curiosité. Bien sûr ! Puisqu’il fait appel à l’instinct même avec lequel nous cheminons sur nos parcours de connaissances – un double trajet toujours – celui intérieur parallèle à celui qui se déroule sur le tableau noir.

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