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MASSACHUSETTS 1987

De passage à Northampton dans le Massachusetts une amie récemment rencontrée et étudiant au Smith College m’amène au secrétariat y piocher une liste d’anciennes élèves pratiquant maintenant la profession de décoratrice. Je crée des fresques, inspirées par exemple de l’antiquité, en redisposant certains des éléments de l’imagerie de cette époque de façon à produire un nouveau récit pictural, tout en respectant tonalités et formes de cette période. Le résultat : une œuvre d’apparence authentique donnant l’impression d’avoir été récemment exhumée. L’une de ces décoratrices me présente à Parish Hadley, probablement la référence dans ce domaine durant la première moitié du XXe siècle. Eux-mêmes m’arrangent immédiatement un rendez-vous avec le New York Magazine. Je n’ai en fait dans mon minuscule portfolio que trois diapositives de mes travaux. L’une d’elle présente un mur partiellement détruit réhabilité, par mes soins, par la proposition d’une œuvre en « double génération » c'est-à-dire une fresque de la période d’Akhenaton partiellement recouverte d’une autre d’une époque Égyptienne ultérieure. Le jour du RDV, progressant vers le lieu de rencontre, brièvement un léger trac se manifeste. Comment les journalistes vont-ils réagir ? Une telle opportunité et si je passe à côté ! Mais je décide qu’en fin de compte, au pire, une fois sorti de ces bureaux, la vie sera égale à ce qu’elle est présentement. Je suis bien tel que je suis et mon temps sera libre pour d’autres opportunités. Pourquoi m’attendre à quoi que ce soit tant que rien ne se soit produit. Les gens parlent mais n’agissent pas forcément en conséquence et cela pour tout un tas de raisons qu’il m’est inutile d’explorer. C’est donc totalement détendu que je me présente comme un invité curieux de la rencontre. Ce comportement stimule mes hôtes qui, par ailleurs sont emballés par ma démarche stylistique. Dans la minute qui suit ils me proposent deux pages. Une vocation vient de m’être offerte. Un mois plus tard je suis publié et les jours suivants certains des plus grands décorateurs me proposent de devenir mes agents.
Il faut certes en général de la patience et de savoir dire non à ce qui ne semble pas en résonance avec ce que l’on à offrir. Il est très compliqué et hasardeux de chercher un emploi avec pour seule motivation la nécessité de la survie. L’idée même de réussite peut être contre-productive, nous mettant en compétition avec nombres d’individus avec lesquels on va vous comparer. Il m’a toujours semblé au contraire, et mon expérience le confirme, que ce que l’on a à offrir est unique et donc non comparable. Il existe forcément quelqu’un, quelque part, la personne appropriée, ayant besoin de vous ou voulant collaborer avec vous. Une personne avec assez de discernement pour voir en vous les talents qu’il ne possède pas. Inversement j’ai moi-même employé principalement des assistants n’ayant jamais touché un pinceau. De leur offrir une telle expérience dans des lieux généralement hors du commun et en les rémunérant très généreusement fit d’eux pour la durée du projet des partenaires donnant le meilleur d’eux-mêmes.

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