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Nous devons avoir l’ambition de nos responsabilités. Il suffit de vouloir pour avoir le pouvoir. Vouloir réfléchir, être honnête, s’informer, adhérer à une perspective solidaire c’est se donner les moyens d’innover, d’user de spontanéité, de s’éduquer. C’est apprendre les gestes qui sauvent et qui protègent. C’est simplement réapprendre à renouer avec une réaction spontanée collective face aux abus, à l’agression, aux incivilités. En ce début de printemps, dans un champ du Sud de L’Angleterre, des enfants forment une flèche avec leurs corps indiquant à un hélicoptère de la police la direction de voleurs en fuite. Voilà une simple démonstration de ce que le territoire ludique peut engendrer. Même les gangs de 20 à 200 individus peuvent être maîtrisés si une population dans la vicinité est informée par messages en temps réel des mouvements de ceux-ci, via une application d’alerte, en particulier quand le groupe vient juste de se former. Des indications sur leurs mouvements peuvent être relayées jusqu’à ce qu’une force d’intervention vienne les disloquer. Le terrain doit être occupé par les citoyens pour que cesse les zones de non-droit.

A chaque stade, malgré la proximité de plus en plus rapprochée des agressions, l’insanité consiste à ne pas réagir. Quand il s’agissait des autres on disait: « on n’y peut rien » - on continue à le dire quand c’est notre voisin et de même quand c’est nous-mêmes.
Pourquoi ? Car l’individu n’aime pas trop s’impliquer. Il réclame pourtant sa liberté mais plus généralement pour jouir un tant soit peu de ses petites affaires, et sinon être pris en charge pour le reste. Le reste c’est ce qui constitue, par exemple, les structures du pouvoir économique, de la finance ou du maintient de l’ordre. Ces structures sont le tampon entre la réalité et nous- mêmes. Nous sommes devenus des étrangers à notre réalité. Au point d’être devenu incapable pour la grande majorité de simplement cocher une ou deux cases sur une page web d’Amnesty International, Watchdog ou Greenpeace pour protester contre une injustice. Le web et les applications offrent la parfaite toile relationnelle pour fédérer les motivations. Encore faut-il se poser la question de ces motivations. D’où viennent-elles ? Comment se manifestent-elles ? Le développement de notre identité, l’idée de nous-mêmes vis-à-vis des autres et de la démocratie en général sont fondamentaux. Il semble plus facile de trouver les motivations pour ignorer, rester indifférent ou fuir que pour s’engager. Rien de plus facile également que de se plaindre en s’étonnant qu’on ne nous apporte pas sur un plateau la solution toute trouvée. Car s’engager c’est non seulement prendre un risque c’est également se poser la question de la justesse de nos actes. Nos motivations, issues de la construction de notre identité, se nourrissent de nos choix. Depuis ceux que nous ferons dès l’enfance jusqu’à ceux du dernier jour de nôtre vie. Choisissons-nous de nous investir dans nos jeux ? Dans ceux de l’apprentissage, du travail, avec les autres, avec nos propres projets, nos propres rêves ? Ou au contraire acceptons-nous de suivre le courant dominant ?

Les liens communautaires s’étant délités dans notre société préoccupée par son avenir, le citoyen isolé ne sait comment tenir tête à ces agressions. Face à la difficulté de recréer la complexité d’un tissu social il devient tentant, par facilité, de se rallier à des groupes promulguant la haine pour se protéger. Si nous ne mettons pas en œuvre un renouveau fraternel nous aurons à la place soit des dictatures soit des émeutes. Nous vivrons alors soit dans la soumission soit dans la terreur. Le voisin, l’autre, peut tout autant devenir l’allié que le délateur.
On ne tolère pas l’intolérable. L’impunité est un désaveu démocratique et fait appel d’air à la désintégration de celui-ci.
Partie du curriculum éducatif serait de donner les moyens à chacun de découvrir puis d’épanouir ses talents, ceci autant par la théorie que sur le tas et dans un contexte d’esprit collectif.
Partie du curriculum serait de donner les moyens à chacun de secourir l’autre pour les premiers soins ainsi que connaitre et exercer les techniques de bases d’autodéfense.
Nous ne pouvons pas simplement nous contenter à ce que des spécialistes protègent notre démocratie. Sinon ces spécialistes finiront par nous dire comment se comporter dans cette démocratie. Nous ne pouvons pas déléguer notre pouvoir à qui que ce soit de façon inconditionnelle. Au même titre que la nature, la démocratie à besoin que nous la protégions si nous voulons qu’elle nous protège. La démocratie n’est pas qu’un concept, c’est une histoire, un désir, un droit et un devoir. C’est surtout un corpus vivant fait de personnes concernées. Sans eux la démocratie n’existe pas. La démocratie a autant besoin de nous que nous avons besoin d’elle.
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