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Je m’investis dans une réflexion sur l’optique, la surface sensible et comment, au moyen de ces outils, la lumière procède pour révéler une image.
Pour la créer ou la reproduire il faut une source lumineuse, l’objet à représenter (ou à transformer), une lentille, un diaphragme, un obturateur et une surface sensible (pour mémoriser l’information). Si nous ne sommes pas affligés par la cécité (physiologique comme de l’esprit) nous disposons d’équivalents naturels : notre cristallin, notre rétine, et le nerf optique. Reste notre aptitude à interpréter le résultat.
L’appareil photographique mimique notre œil par l’agencement de ses composants : la lumière rebondissant sur l’objet passe par le filtre de la lentille* pour se déposer sur un film (négatif ou positif – opaque ou transparent).
Maintenant assemblons les éléments autrement :
ouvrons l’arrière du boitier de l’appareil et remplaçons le film à sensibiliser par une diapositive – elle devient l’objet à reproduire – la lumière se diffuse à travers l’objet transparent, puis la lentille, pour finalement se projeter sur une surface. Si cette surface est sensible nous avons un agrandisseur (ou un « rétrécisseur », selon la distance de l’objet vis-à-vis de la lentille, par rapport à celle-ci vis-à-vis de la surface). Si cette surface n’est pas sensible, c’est un projecteur (et c’est notre œil qui seul enregistre le résultat). Si la surface est translucide ou transparente l’image se voie des deux côtés et permet, par exemple, à une audience placée derrière cette surface (tel un écran) de visualiser depuis la salle ce qui se trame sur scène.
Maintenant prenons ce projecteur, mais au lieu de disposer un objet transparent entre la source lumineuse et la lentille, plaçons un objet opaque (un danseur par exemple) entre l’appareil et une surface. Nous obtenons des ombres chinoises.
Plaçons maintenant la lentille entre l’objet et la surface. Le projecteur démuni de son optique n’est plus qu’une source lumineuse, qui elle, rebondit sur le sujet puis, filtrée par l’objectif, reproduit l’objet sur la surface.  Nous pouvons ainsi installer l’histoire suivante. Deux acteurs se faisant face et tenant chacun une lentille. Derrière eux, un peu en biais deux murs. L’un déclame et, plaçant l’objectif (un jeu de lentilles) face à sa bouche, ses lèvres en mouvement sont reproduites sur le mur proche de l’autre actrice, tandis qu’elle pleure, et au moyen du même dispositif, les yeux et les larmes de celle-ci sont projetés à proximité de son comparse. Nous avons, superposés, une séquence objective – les deux acteurs jouant sur scène - et une représentation animée de l’impact que suscitent sur eux leurs interactions – l’image interprétée par les objectifs et, par extension, celle interprétée par l’affect de chacun des protagonistes.

*La plus primitive - celle de la Camera Obscura - n’est qu’un orifice très fin permettant une sélection très réduite des électrons parasites provenant des autres sources périphériques à l’objet, permettant l’obtention d’une image dont les composants sont le produit restitué des seules sources lumineuses provenant de l’objet à reproduire.

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