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DÉFINIR L’INFINI PAR LE FINI EST RISIBLE - L’ARROGANCE DE L’EXACTITUDE

Prétende à l’exactitude pose le problème des limites de la rationalité. Chercher à localiser quoi que ce soit se doit de prendre en compte notre position propre, et son déplacement dans le temps. C’est par conséquent uniquement dans le contexte précis où nous nous situons qu’une chose est repérable. Seulement en usant de relativisme pouvons-nous énoncer une chose ou une situation comme exactement ce qu’elle est. En dehors de ce présent précis, chercher à fixer ce repère au-delà de soi et de ce moment ne revient qu’à rapporter une inexactitude. Ce désir d’exactitude procède alors d’un besoin de contrôle de ce qui nous dépasse et fatalement crée le désir d’une définition des limites – un  mensonge vis-à-vis de l’infini. Contrôler c’est mentir. Définir l’infini par le fini est risible.

Certains prétendent que Dieu existe, d’autres qu’il n’existe pas, d’autres encore ne savent pas. Mais de quoi parlent-ils ? Je n’ai pas la prétention de savoir de quoi il s’agit alors je vais me contenter d’interpréter le mot. À mes yeux le mystère de l’existence et de celui de l’univers ne risquent pas de pouvoir se définir de manière absolue. Je préfère simplement y participer. Il me semble que Dieu est un mot, pas un nom mais un verbe par exemple signifiant justement le mystère se manifestant. Alors quelle est l’utilité d’appeler le mystère par un autre nom ? Sans doute pour exprimer ce qui est évident, à savoir qu’un mystère parce qu’il nous dépasse désigne donc ce qui est mis en dehors des choses ordinaires, banales, communes, et de ce fait contient en soi une vertu sacrée.

Mais pourquoi vouloir définir ce qui est indéfinissable. De tenter une telle chose c’est forcément corrompre la vérité de ce mystère. On ne peut obtenir qu’une idée parcellaire de cette vérité et par conséquent ne produire qu’un mensonge. Je ne voie qu’un moyen pour tenter exprimer l’inexprimable. Formuler tous les aspects contradictoires qui le définissent. On peut énoncer qu’une chose existe sans exister. Que Dieu existe et n’existe pas en même temps. Voici mon équation proposée en toute humilité.
Le présent est un instant … sans durée et par conséquent sans limites. N’ayant pas de début ni de fin il est infini. Cette portion du temps défie toute mesure car, selon les propositions de la mécanique quantique, l’observateur l’affecte et, selon le principe d’incertitude, on ne peut pas déterminer la relation de la position de ses particules vis-à-vis de leurs déplacements. Cette mesure n’en est plus une car elle s’adresse alors à des lois inaccessibles à l’entendement. Le monde et son temps, à l’échelle quantique de Planck, présentant des dimensions infiniment petites*, n’ont plus de passé ou de futur identifiable autrement que par des notions théoriques dites "supersymétriques"**. C'est le temps qu'il faudrait à un photon dans le vide pour parcourir une distance égale à la longueur de Planck, la plus petite longueur mesurable – comme si le photon n’avait pas le temps de se déplacer ? Ou plutôt, comme l’exige le principe d’incertitude, comme s’il était là ou ailleurs dans cet instant. Il n’y aurait pas de distance ni de temporalité entre les particules de l’expérience et, celles-ci ne pouvant être au même moment au même endroit, chacune serait simultanément avant et après les autres au même moment. Par conséquent l’instant présent inclurait son passé et son futur.

Portons un regard relatif sur le déroulement du temps et apprécions son aspect cyclique où ce qui fut sera. Nous trouvons alors Dieu avant d’avoir été inventé. Du coup il nous aurait créés afin que nous l’inventions. Et vice-versa. Oui définitivement ce « Il » et ce « Nous » sont un dialogue concernant la même entité. Une caractéristique multiple – oui, mais unifiée.

Donc puisqu’il a été créé Dieu existe. Ne vous méprenez pas, une création est une chose bien vivante. Elle est nous et nous sommes elle. Dieu n’existerait pas sans nous et nous n’existerions pas sans lui. De ce fait Dieu ne cesse de nous inventer. Et nous donne ainsi le pouvoir de le créer. Mais ce n’est pas lui, ni nous, qui avons commencé.

*Inférieures à 10-33 cm et des durées inférieures à 10-43 secondes

**Celles-ci concernent des théories de supergravité, de supercordes, la théorie M, la théorie de Tout - autant de concepts très élaborés faisant appel à des univers qui iraient jusqu’à se composer de 11 dimensions.

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