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LA HONTE DU VÉCU 2

Nous-nous pensons généralement sains d’esprit. Les actes les plus vils sont ceux des autres. Et s’il nous arrive de nous comporter de façon répréhensible nous avons généralement des excuses toutes trouvées. Nous avons de l’existence des vues bien illusoires. Sa matière même, poreuse, comme celle de notre compréhension, est faite d’inconsistance. Il arrive qu’à force de vouloir sciemment ou non être un avec la vie et la nature, on finisse par s’y dissoudre. En effet vouloir se fondre peut conduire à une perte d’identité. D’où ce sentiment d’abandon. Cette perte de repères induit un réaménagement de l’estime que l’on se porte. C’est un processus de dématérialisation nécessaire pour se reconstruire autrement. Encore faut-il savoir comment se penser quand on est plus.
Perdre la tête n’est en somme qu’une très difficile transition. L’aspect pervers de l’expérience c’est notre résistance à nous laisser aller, instinctivement, et la peur d’opérer comme envers une autre personne que l’on assiste sans la guider, tel un témoin. Il ne s’agit pas d’être actif ou passif, mais de vigilance et de volonté dans une non-action. Indiquer un chemin où chercher à se sauver n’aurait aucun sens. Car si on cherche à se sauver on ne peut que se perdre. Puisqu’il s’agit d’accepter de se perdre pour se retrouver transformé.
Notre honte de ce vécu ainsi que l’appareillage sociétal feront tout pour nous faire réintégrer cet espace où nous nous considérions sains d’esprit, envisageant ce voyage comme un acte de folie. Mais aller à contre-courant c’est occulter nos découvertes. De ne pas comprendre ce processus ne nous laisse comme alternatives que de « réussir » une guérison nous marquant à jamais comme un être en rémission ou bien un déclassé.

Nous ne sommes alors plus nous-mêmes mais cette différence vis-à-vis des normes d’une société. Ce statut d’isolation nous chercherons à le juguler en nous fédérant avec ceux marqués de cette étoile jaune. Le mal-être de notre existence nous conduit soit à vivre solitairement soit à nous désolidariser de notre autonomie pour adhérer à une parodie collective n’ayant de sens qu’une appartenance en rupture avec celle des autres.
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