Éduquer, c’est avant tout, se donner les moyens de se découvrir à travers un aperçu du monde qui nous environne. C’est connaître nos angles d’appréciations à travers l’apprentissage des notions et valeurs acquises par l’histoire humaine. C’est apprendre à fonctionner de façon renouvelée de manière à permettre une progression des expériences et des acquis, eux-mêmes revisités, voire remis en question. C’est apprendre également à fonctionner dans un temps particulier, le nôtre. Il ne devrait pas y avoir un curriculum imposé pour tous à des dates préétablies.
Le temps devrait être celui personnel des inspirations et celui collectif des affinités du moment.
Dans de telles conditions, si les enfants cessent d’être placés en rangs d’oignons, faisant face à l’adulte et si au contraire la disposition géographique de chacun s’organise selon les penchants qui se manifestent avec les autres selon les projets proposés, l’élève a tôt fait de distinguer sa différence quant aux aptitudes des autres, leur faculté ou inhabilité à absorber un sujet et le particularisme de leur mode de communication.
Imaginez l’école comme un vaste laboratoire permanent, une seule grande classe depuis laquelle se forment diverses sous-classes temporelles, au gré des envies et des projets. L’école comme étude permanente où pédagogie et andragogie se combinent, où les âges se mêlent, où l’adulte apporte son expérience et rafraichit son savoir. Des études durant une vie et constituant déjà une réalité qui a cessée d’être étrangère à celle au-delà de ses murs. Où sont donnés aux élèves les moyens de participer à l’enseignement, de s’auto éduquer, de jouer des rôles relationnels, de jouer à différents métiers, et par exemple des scénarios de faillites ou de collaborations entre concurrents. Laisser champs libres à des classes inversées où les élèves se concertent sur une durée pour l’étude d’un savoir et en rapportent le résultat sous forme d’un cours. L’école comme centre de rééducation et de reconversion permanent pour tout âge pour encourager le développement de sa culture générale, pour un enrichissement dans des domaines corollaires à ceux qui sont maitrisés et pour tout nouveau projet de vie. Un lieu pour encourager les adultes à participer au cours de leurs enfants et rester à niveau ainsi que pour distinguer les failles culturelles parentales. Les enseignants guidant les élèves vers les informations adaptées, aidant à la coordination des savoirs, conjuguant les matières de façon à leur offrir un reflet du vécu. Par exemple un projet nécessitant des connaissances en civisme pourrait combiner des exemples de systèmes politiques pratiqués jadis et ailleurs, ceux-ci combinés avec des notions géographiques, philosophiques et autres afin de comprendre par exemple les raisons géopolitiques, idéologiques et existentielles de la faillite d’une civilisation. C’est ainsi que le plus grand nombre peut contribuer à l’accélération des savoirs et des évolutions par le jeu des partages et de la complémentarité des talents et des connaissances.
L’élève s’épanouit en construisant son futur, non pas selon des exigences productivistes. Émancipé de cette course au succès (et aux défaites) il devient partie du cursus, apportant sa démarche personnelle, enrichissant par là même la multitude des moyens d’approche au savoir.