Rien de plus efficace que séduire au moyen du beau, pour mieux inculquer la laideur. Hélas, depuis ce jour fatidique où Napoléon décrétait avec les meilleures intentions du monde qu’a telle heure précise tout élève apprendrait exactement la même chose, nos pauvres éducateurs se virent obligés de morceler le temps et le savoir en autant d’épisodes tragiques pour des résultats forcément mesurables qu’à l’aune de l’échec ou de la réussite. Ils s’efforcent avec plus ou moins d’hystérie, de bienveillance ou d’acharnement à mettre au pas la faune en rébellion. Mais personne n’est dupe. Tout le monde se fait avoir par ce court-circuitage programmé et incarcéré dans le temps d’un cours, le temps de ne rien comprendre finalement. Au lieu de se connaître pour voir ce que l’on fait ensemble, on se met à tous faire la même chose ! On aurait dû commencer par la fin, en s’initiant au préalable à l’art d’une investigation des états d’âme. Les laisser apparaître et, comme dans une cour de récré, mais entre des murs aux fenêtres ouvertes, leur faire subir le bordel onirique des dissemblances. Au lieu d’imposer comme vertu dominante une coercition à la camaraderie, c'est-à-dire aux faux-semblants et à l’insensibilité, il serait importun d’encourager chacun à dévoiler au grand jour son désir à ignorer l’autre ou tel sujet d’apprentissage. On pourrait enfin s’instruire également par l’acceptation de l’indifférence de l’autre pour replacer dans un temps importun les liens qui nous unissent. En gros apprendre à s’aimer comme base à l’apprentissage d’une solidarité des différences.
Il y aurait certainement un nombre de méfaits, de bosses, de vêtements arrachés, et quelques actes moralement répréhensibles, mais, tout de même, quel apprentissage de vie sociale !
Un premier bénéfice immédiat : les gros bras se feraient laminer par la horde de leurs victimes. Ceci pour que toutes les aspirations se fassent connaître.
Il serait après tout plus juste pour les éducateurs comme pour les élèves que cesse cette pantomime guerrière ou soit les professeurs harassent leurs élèves ou inversement. L’apprentissage des initiés passerait par celui d’être d’une part à l’écoute de ses choix mis en confrontation avec celui des autres. La collectivité y gagnerait en consensus.