INDEX HOME JCD

arrow  
060

Le territoire politique
L’ordre ou l’harmonie

L’inconscient collectif – les idéaux – la politique
l’idée de la démocratie
Consommation – production –  fraternité et isolement


LA POLIS, LE LOGOS, LE PATHOS ET L'ÉTHOS

Certes, si l’art oratoire est en soi une vertu bien pratique pour se faire comprendre une inquiétude se fait jour quant à son emploi. Cicéron dit que la rhétorique consiste à « prouver la vérité de ce qu'on affirme, se concilier la bienveillance des auditeurs et éveiller en eux toutes les émotions qui sont utiles à la cause ». On sent déjà l’arnaque. Car combien manipulables sont ces techniques. Devrait s’ajouter à cette manière de discourir celle d’une proposition des idées comme ingrédients pour un laboratoire de réflexion collective honnête, à confronter de façon scientifiquement éthique à des preuves. Il n’y a rien de mal à ce que le sens du beau et de l’éloquence participe en tant qu’instruments indispensables au partage de nos idées et de nos sentiments, mais quand dans la matrice originelle de la Polis, ce lieu de rencontre du discours, ce terrain de jeux des idées, cette expérience du lien démocratique du tissu social, sont déjà mis en place les modalités du projet égotique de chacun pour contaminer le discours, alors la déclamation, l’argumentation et tout autre méthode d’expression n’ont d’utilités que si les orateurs sont à même de pouvoir également écouter, ceci dans le but d’une recherche collective de raisonnements appropriés au sujet discuté. Une vielle amie artiste peintre m’avouait qu’encore dans ses langes elle avait élaboré avec ses déjections de vastes fresques tout autour des toilettes. D’évidence sa vocation était précoce. Depuis elle utilise d’autres matériaux. Nombre de prédicateurs  en sont restés à ce stade fécal brassant leur caca parfois même avec brio. Mais ils auront beau y mettre tout leur talent pour élaborer d’étonnants discours le résultat ne restera jamais rien d’autre qu’un monticule de merde. C’est sans doute de ce sentiment de répugnance que nous vient de nous sentir emmerdé ou de vouloir emmerder.


LE MÊME ÉTERNEL MANÈGE

Difficile est l’exercice de la liberté. S’agit-il d’être libre d’agir pour soi au détriment des autres si nécessaire ? Se sentir libre de corrompre ou de se corrompre n’est que la fausse liberté de s’enchaîner à un pacte. Elle enchaîne en sus cette part du peuple excédée de n’avoir pu empêcher cette corruption ou bien de n’avoir pas pu prendre le train de la corruption en marche. En réaction le sentiment naturel de justice prend de curieuses formes. A vouloir interdire cette corruption on en vient à vouloir interdire certaines libertés puisque étant à la source de celle-ci. L’époque est alors propice pour tomber dans le giron d’une dictature, croyant trouver en elle un homme providentiel, bon envers ce qui est juste et dur envers ce qui est injuste, c'est-à-dire les autres – les boucs émissaires. Parfaite hypocrisie des masses qui de n’avoir pu jouir de la démocratie veulent en interdire l’exercice aux autres.

Le principe de démocratie ne signifie ni le droit de faire ce que l’on veut ni celui d’empêcher les autres de faire ce qui nous dérange. Il se doit de continuellement affirmer le droit de chacun d’exercer son pouvoir d’existence dans la mesure où cela n’est pas au détriment des autres. Il est par exemple incompréhensible qu’un groupe puisse chercher à interdire une pratique à un autre groupe sous des principes oiseux de valeurs qu’il juge être la norme. Elle n’est que sa norme et du moment qu’une pratique ne fait de mal à personne, celle-ci ne regarde personne d’autre. Par exemple, le mariage ne devrait pas représenter autre chose que ce que les individus intéressés ont choisi qu’il représente. De quoi, par exemple, se mêlent-ils ceux-là âpres à hypocritement vouloir user de leur « droit » à leur « liberté » religieuse pour s’en prendre au libre arbitre de notre corps et de notre esprit ? Ces malades mentaux ne veulent voir la vie qu’à travers le filtre déformant de leurs perversions. Leur aptitude à confondre le beau en l’autre avec la laideur en eux les rend à ce point mal à l’aise qu’ils n’hésitent pas à déclamer obsessionnellement leurs fausses vérités pour s’octroyer un droit d’ingérence dans la vie privée des autres. Obscénité.

  arrow
 
arrow arrow