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OMERTA

Existent multitude de micros-sacrifices faites non plus pour une transformation transcendantale mais au nom d’une rationalisation de notre avilissement. On invoque une cause ou un principe pour se décharger des risques encourus à vivre notre autonomie et par conséquent pour éviter la peur d’échouer à pouvoir offrir le mieux de soi-même. Nous parodions l’acte primal du sacrifice de soi mais pour renaitre comme le pion sans identité autre qu’une fraction du groupe. Par le groupe notre vision égocentrique s’empêtre dans un narcissique collectif. Il s’agit de souffrir non pas pour courageusement se transformer mais pour faire allégeance par la preuve d’un courage au nom d’une stupidité. Le bizutage en est l’incarnation potache. À nous égarer ainsi la communauté perd la magie que constitue le ciment de l'ensemble de nos autonomies. La cruauté du rituel devient une cynique contrefaçon. En collaborant à notre négation nous participons à l’extinction de l’autre et inversement. Reste de nous que ces lentilles d’un jeu de Go. Au nom d’un système on est prêts autant à se dévoyer que de dénoncer l’autre. En se perdant dans l’inclusion au groupe ou perdre l’autre en l’excluant, en éliminant ses membres l’apparence du groupe se maintient jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
Pour ne pas mettre à la lumière de l’entendement ce paradoxe, la délation, par exemple, se fait en secret. Le silence est la condition pour maintenir le statu quo de haine. L’Omerta est un silence régnant là où toute divergence cesse d’exister. Sous prétexte de protéger un groupe, qui pourtant ne sait fonctionner que par le ciment de la peur, le principe même d’individualité est banni. Ne reste qu’une hiérarchie s’auto cannibalisant. La peur engendre toujours sa forme d’Omerta. Celle des démocraties n’ose même pas se nommer. Elle préfère des abstractions telles la normalité ou le bon sens, autant de mensonges face à une parodie de l’organisation des libertés.


LES MATÉRIAUX DE L’UNIVERS

Quoi de plus insidieux, improductif et brutal que d’aller chercher parmi ses proches ou ses voisins la différence qui prétendrait expliquer notre propre malheur. Il n’y a rien de raisonnable à vouloir avoir raison. L’autocritique rend toujours plus léger que les douleurs qu’engendre le statu quo. On ne devrait s’autoriser qu’à s’ennuyer ou exceller. Si le champ des rêves se paye au prix parfois de cauchemars, ceux-ci, par leur qualité obsessionnelle, nous déportent au moins de l’ennui. Exigeons un éveil réciproque d’individus autonomes capables d’évoluer avec la conscience de leurs différences. Qu’ils puissent s’agrandir en s’instruisant de la vision des autres.

Nous sommes composés des mêmes matériaux que ceux de l’univers. Nous contenons en nous une conscience de notre état en rien étranger aux mondes qui nous entourent. Nos différences ne résident pas par ce qui nous constitue mais dans les manières propres à chacun et à chaque chose de se manifester. Force est de constater que nous sommes solitaires dans notre manière d’être mais formons un tout issu d’une énergie et de particules fondamentales identiques. Serions-nous issus de rien ? Le rien pourrait-il être une (non) chose en soi incompréhensible mais contenant l’algorithme propre à créer la matière et l’énergie ? Ce que l’on nomme une singularité, celle du Big Bang, pourrait elle être cette transition du rien qui ne serait rien d’autre qu’un tout sur le point de se dissocier entre la matière et l’énergie ? Quelle est la raison de ce paradoxe ? Comme l’est celui de nos différences ? Pour participer à ce grand projet collectif ? Justement pour, par nos différences, consciemment ressentir l’extrême richesse infinie de ce tout ?

Notre terre est notre matrice. Nous sommes la matrice de l’autre. Ce projet collectif ne peut s’accomplir qu’une fois la quête comprise parce que partagée. Une quête avec autant de parcours qu’il y a d’individus.  Une quête de solitude et solidaire. Sinon chacun demeure isolé marchant parallèlement. Et chacun tentera de circonscrire les autres à sa notion de communauté.

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