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Sur scène, la diapositive projetée peut représenter la réalité objective des événements en cours. Elle peut être une impression de cette réalité – ou se contenter d’exister comme la toile de fond d’une situation - voire ne s’incarner qu’en une simple décoration. Elle peut être la mémoire ou la prémonition d’un évènement. Elle peut être l’expression des circonstances de ce qui se noue entre les acteurs. Elle peut être le vécu subjectif de l’un et l’idée objective que croit en avoir l’autre. Elle agit en toutes circonstances avec les acteurs. Ceux-là sont les personnages de la scène et donc de ces images. Image d’images.
Quand l’humeur d’un personnage se modifie l’image projetée se métamorphose.
Quand l’image projetée se modifie le personnage se métamorphose.

« Je me sens comme un esthétisme – de même me semble être l’environnement – très haut contraste – comme un drame lyrique – les formes sont transparentes, leurs ombres contiennent l’expression ».

L’activité culturelle des villes Hollandaises est le produit de leur décentralisation, de leurs particularités sociétales (occupation légalisée d’espaces – support d’initiatives artistiques) et de l’esprit migratoire à court terme propre à une certaine jeunesse des pays du Nord. Avec ces atouts, ces villes (en particulier Amsterdam) offrent un lieu d’expérience soutenue par une fraternité collective. On peut travailler seul ou à plusieurs sur un projet, mais il y aura toujours des personnes intéressées à contribuer selon leur expertise légale, technique ou en communication. Si vous avez besoin d’un coup de main pour réhabiliter un plancher, ou restaurer la plomberie, des équipes bénévoles existent. Des avocats aussi, pour ceux en prise avec une expulsion. Nous sommes autogérés et ne cherchons pas ce type d’aide, mais bénéficions de l’appui des centres culturels qui nous prêtent ou nous louent, pour des sommes dérisoires, le matériel nécessaire pour nos répétitions. Je ne possède pas de projecteur mais chaque théâtre s’arrangera pour nous en fournir un, même s’il doit l’acheter.

En deux semaines nous avons, Félix et moi, monté le spectacle et commençons à le répéter. Chacun a au préalable monté ses séquences, puis ensemble nous les visualisons. Promptement nous élaborons un scénario, ainsi que les moyens de coordonner musiques, images et sketchs. Ensuite nous nous attelons à combiner certains passages communs. Félix improvise sur mes séquences visuelles tandis que j’invente un support graphique, ou photographique, pour ses paragraphes mimés.
De nombreux talents viendront coopérer mais d’autres nous aiderons en se mettant en rapport avec les salles propices à nous recevoir, ou en nous prêtant du matériel.

Cette initiative artistique collective est avant tout une expérience de la liberté. Elle peut se vivre de bien des façons. Ici, pour ce spectacle, c’est très simple. On ne se pose pas de questions. Chacun fait ce qu’il veut. En général nous avons l’assentiment de tous. Nous sommes sur la même longueur d’onde.
Plus tard, un autre spectacle avec Dorian sera tout l’opposé … et tout aussi agréable. Il s’agira là de ne faire que ce qui nous lie – en procédant par élimination. C’est donc un travail en amont nécessitant une vigilance pour distinguer nos priorités communes.
Ces deux démarches permettront finalement des résultats très similaires.

Nous nous présentons au Milky Way pour proposer notre spectacle. Nous n’avons ni portfolios, ni vidéo, ni préparé un quelconque synopsis. La directrice qui nous accueille semble néanmoins toute réjouie, peut-être du fait qu’il s’agit d’un des rares shows produits par un squat. Je lui présente quelques diapositives qu’elle doit visionner avec une petite loupe. Elle me congratule et s’enthousiasme sur mes travaux. J’en profite pour présenter mes complices comme de grands talents venus de l’étranger. Nous avons deux soirées dans le mois à venir. Pas plus difficile que ça.
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